
Japon
Sophie au Japon, 10ème jour
Ce matin, nous nous envolons pour Osaka Kansai qui nous accueille sous une température clémente de 23°C et prenons la direction sud pour la préfecture de Wakayama et sa campagne bucolique. Ici aucun gratte-ciel mais une montagne dense et boisée qui abrite la mystique vallée aux huit sommets de Koya San, que l’Unesco a naturellement intégré dans son patrimoine.
Notre guide Noriko nous raconte en chemin les légendes du bonze Kukai, le premier à avoir installé une communauté religieuse sur ce mont, reconnu depuis, comme l’un des piliers principaux du bouddhisme Shingon. C’est pourtant par une cérémonie de purification ordonnée par un prêtre shinto que nous commençons notre chemin spirituel. Pas un touriste au sanctuaire Nitsuhime Shrine, classé au Patrimoine Mondiale de l’Unesco ; nous traversons exceptionnellement son enceinte jusqu’à l’autel, habituellement interdit au public et sommes invités à pratiquer le rituel élémentaire de prosternation et de claquements des mains avant que le prêtre ne nous débarrasse de nos démons…
Puis nous empruntons la montagne à 900 mètres au-dessus du niveau de la mer, couverte d’érables et de cèdres, jusqu’à Koya San, la cité à l’aura mystérieuse. Nous comprenons que sur ce territoire étroit de 6 km, cohabitent plus de 100 temples, une université d’études religieuses et 52 Shukubos, ces monastères convertis en maisons d’hôtes qui accueillent visiteurs et pèlerins du monde entiers.
Accompagnés d’un moine et accrédités du droit de prendre des photos, nous pénétrons le superbe édifice en bois du vaste temple Kongobuji. Chaque allée dessert des salles de toute beauté qui retracent la longue route de Kukai depuis la Chine jusqu’au site où il a planté son destin. Sur ces estampes intactes et lumineuses, malgré les incendies successifs, est notamment illustrée la double rencontre providentielle de Kukai, celle d’un chasseur et ses 2 chiens puis celle d’une déesse, qui va lui indiquer l’arbre où il décidera d’ériger son temple.
Le remarquable jardin Zen de Kongobuji, le plus long au Japon, et la quiétude qui y règne en fin de journée, ajoutent au plaisir inouï de cette visite. La nuit tombe et nous rejoignons à quelques minutes de là, notre Shukubo, Soji-In Temple lodge, considéré comme l’un des plus anciens et l’un des plus luxueux à Koya San.
Les moines, personnalités de la cité, nous intriguent par leur humeur joviale, que nous découvrons autour du thé rituel.
J’ai la chance d’être reçue dans la plus belle suite du monastère qui en compte 13 au total. Le confort moderne et les commodités dignes d’un 4* sont une surprise (je m’attendais à plus rustique !) mais elles génèrent de surcroît une question : est-ce que le développement touristique de Koya San n’a pas gâché son authenticité en marchandant du sacré et en apportant du luxe dans des sites initialement dépourvus de toute ostentation ?
Je n’aurai pas la réponse à cette interrogation mais le dîner ne pourra la contredire. C’est un festival gastronomique de Shojin ryori, originellement la cuisine végétarienne monastique, qui nous est servi et qui fait la fierté du Chef. Des plats somptueux aux couleurs d’automne se succèdent, accompagnés d’un Ginger Ale, la boisson pétillante locale. Je dormirai donc les poings fermés à Soji-In, bercée par les dieux bienfaisants….