
Japon
Sophie au Japon, 11ème et dernier jour
Le soleil n’est pas encore levé à Soji-In et nous assistons à 06h00 à la prière du matin conduite par le moine et ses jeunes assistants. Le « chanting » est puissant et nous enveloppe de sonorités ventrales. Puis nous sommes les uns après les autres invités à l’autel pour une bénédiction avant que le moine nous exprime certaines de ses pensées philosophiques. Le petit déjeuner qui suit la prière est tout aussi copieux que la veille et inaugure une journée pleine de promesses, dont le prologue s’ouvre à Danjo Garan, le deuxième site principal de la ville avec Kongobuji, là où tout a commencé !
En effet au cœur du complexe, le pin mystique où Kukai, aidée de sa déesse, a retrouvé le sanko (symbole bouddhique) qu’il a lancé depuis la Chine. Il a compris alors que c’est sur cette montagne qu’il enseignerait le bouddhisme et qu’il érigerait son premier temple. Au total une vingtaine d’édifices dont la somptueuse pagode Konpon Daito, magistrale et toute de vermillon vêtue qui abrite en son sein le Dainichi Nyorai, Bouddha cosmique et 4 autres bouddhas.
Mais également un sanctuaire shinto et le Miedo, temple des portraits, cerclé de lanternes dorées et aux portes closes sauf le 21 mars, seule date à laquelle il est possible d’admirer le portrait du moine fondateur, Kukai. Un groupe d’une trentaine de pèlerins vient se recueillir et entonne à l’unisson un chant religieux. Nous les retrouverons un peu plus tard à Okunoin,le plus grand cimetière de l’archipel Nippon qui compte des milliers sépultures sur 2 km de forêt imprenable. L’impression est étrange mais pas pesante le long des allées qui mènent aux cénotaphes couverts de mousse. Ici tout n’est que murmure et selon la superstition shingon, ces tombes n’abritent pas des morts mais sont le refuge d’âmes en attente.
De l’autre côté du pont sacré, celle du maître fondateur Kukai, également en transit, est nourrie 2 fois par jour par les moines, qui se chargent de lui porter des victuailles jusqu’à son mausolée, inaccessible au commun des mortels. Ce jour-là, trois vieilles japonaises s’y recueillent et nous procurent, sans le savoir, une jolie émotion, en donnant avec ferveur des sutras, repris en chœur par les fidèles. Nous sortons par la partie moderne du cimetière, dont les tombeaux à la pierre rongée ont cédé la place à des sépultures de marbre parfois granguignolesques.
En fin de matinée, nous quittons cette terre de légendes pour Nara, la première capitale impériale, qui n’est pas en reste de trésors ! Après un déjeuner au ryotei Sukihitei datant de 1903, au cœur de la forêt Kasuga, nous nous rendons au sanctuaire shinto du même nom, patrimoine de l’humanité à l’Unesco. Escortés par un prêtre, nous y accédons par des portes dérobées qui nous éloignent de la foule oppressante. La splendeur du sanctuaire est sauvegardée par une rénovation tous les 20 ans qui vient d’ailleurs d’avoir lieu en 2016. Ses 3000 lanternes, ses piliers vermillon et ses toits en cyprès naturel viennent saluer avec grâce la nature millénaire environnante.
Notre soirée sera plus protocolaire, invités dans le quartier de Namarachi, par le maire de la ville de Nara et toutes les autorités économiques et touristiques locales. Le jumelage avec Versailles sera l’occasion de discussions animées et conviviales autour de l’avenir de ces 2 villes.