
Japon
Sophie au Japon, 6ème jour
Matsumoto se réveille sous la brume et le crachin et c’est au « Deep Bath » du ryokan Myojinkan que je me réfugie dès l’aube.
Alors que les chefs s’activent à la préparation du petit déjeuner, trois vieilles femmes encore vaillantes viennent chercher le bien être dans ce onsen à débordement qui s’offre pour quatrième mur, la montagne et ses érables encore verts en cette saison. L’eau pure des hot spring envoie instantanément au corps des signaux positifs et le corps relaxé, je vais pouvoir parfaire ma culture méditative au temple Toku-Un-Ji, en redescendant la vallée.
La rencontre avec le moine bouddhiste de cette deuxième séance de Zazen est conviviale et chaleureuse. Après nous avoir expliqué avec un certain humour, les rudiments de la méditation, la position du dos, des mains, la respiration, nous tentons péniblement de prendre la posture yogi pendant quelques minutes qui nous paraissent des heures… Après le traditionnel thé, nous continuons notre route dans cette régionà la nature prolixe, qui couvre également de nombreuses spécialités.
Saviez-vous comment se fabrique le miso ? Moi je l’ignorais et c’est grâce à la passion de KosukeI shiisan, la 6ième génération de fabricants de miso à l’ancienne, que je comprends le long processus de fermentation sur 3 ans, des graines de soja, riz, sel et eau mixés dans de gigantesques cuves en bois, jusqu’à obtention de la fameuse pâte foncée.
Puis arrêt incontournable au Château de Matsumoto, à la très jolie silhouette perchée sur 6 niveaux. Classé monument historique au patrimoine culturel national, on est immédiatement happé par son reflet élégant dans le bassin baigné de soleil. Petite ombre au tableau, la foule le week-end qui se bouscule le long des très nombreux escaliers de pierre qui grimpent au donjon…
Mais si je suis venue à Matsumoto, c’est avant tout pour découvrir son musée et particulièrement la galerie dédiée à l’artiste aux petits pois, Yayoi Kusama. Son allure aussi enfantine que psychédélique se retrouve dans un art trouble à double facette, où les œuvres les plus légères et joviales expriment souvent des hallucinations plus douloureuses. Ses jeux de miroirs et ses toiles géantes aux couleurs énergétiques seront un des points forts de cette journée.
La plus belle surprise toutefois provient de l’exposition temporaire du jeune sculpteur sur bois, Hideki Iinuma. Inspiré par l’image de la femme dans le monde, il extirpe des troncs d’arbres, des figures incongrues de Pin-up ou de femmes d’aujourd’hui dont il grossit les traits. Ultra réalisme ou rêve exacerbé, en tout cas pour moi, un véritable coup de cœur que je vais essayer de poursuivre. C’est sur la puissance de ces artistes avant-garde que nous quittons Matsumoto pour Fukuoka.
Une heure trente de vol et la plus grande ville du Kyushu nous ouvre les bras de ses enseignes lumineuses et de ses gargotes où il fait bon dîner le samedi soir. Mais notre route ne s’arrête pas là puisque nous rejoignons en 2 heures, Yamagushi Préfecture à l’extrême ouest de l’île du Honshu. De nouvelles aventures pour demain matin…