
Japon
Sophie au Japon, 7ème jour
C’est à Nagato, la province de naissance du Premier Ministre Shinzo Abe que je me réveille. Un petit air frais se dégage de ma terrasse et la montagne frontale m’enveloppe d’un vert profond.
Un panorama de carte postale pour ma première visite à Yamaguchi Préfecture, région empreinte de poésie et de sérénité. Nous sommes dimanche et ce sont les femmes en yukata accompagnées de leurs filles que je croise au Onsen public de l’hôtel.
L’humeur ce matin est au Hagi Yaki, une technique de poterie de plus de 400 ans qui a vu le jour sous l’époque féodale ! Mais avant même de rencontrer les maîtres de la tradition, nous partons pour la petite bourgade de Hagi à 30 mn de Nagato, via des paysages infinis de rizières et de collines boisées, chez Kaneko Tsukasa san, l’électron libre du Hagi Yaki. A partir des techniques de base de ses ancêtres, ce jeune artiste en pleine explosion au Japon et dans le monde, a détourné l’existant pour une vision très personnelle et très contemporaine de cette céramique.
Nous avons la chance d’être au plus près de lui et de son œuvre. Ses lunettes négligemment posées sur le front lui donnent un air New-Yorkais qui contraste étrangement avec son environnement de travail, une modeste maison en bois, isolée face aux rizières ! Pourtant sa galerie privée, tout aussi dépouillée d’ostentation, expose des pièces de mobilier uniques et un goût avéré pour l’atypique. Kaneko Tsukasa san partage avec nous une bonne palette de ses masters dont l’esprit malin s’est amusé à dupliquer les fonctions, comme des théières à capuchons interchangeables que les aficionados s’arrachent, des tasses à double facette, une carafe à saké auto-chauffante….
Son ingéniosité implacable ajoutée à une expertise de pigmentation qui n’appartient qu’à lui, a notamment séduit l’artiste Yayoi Kusama avec laquelle il a collaboré. Si elle multiplie les petits pois dans ses créations, lui est inspiré par les champignons qu’il accroche partout comme marque de fabrique. Celui-ci aussi je vais le suivre…
Puis comme il est agréable de traverser le centre historique de Hagi, d’errer d’une galerie à une autre en observant les alignements de charpentes en bois si bien conservées. Son passé colonial et féodal a en effet laissé derrière lui bon nombre de maisons anciennes classées comme celles des Samouraïs. La Résidence Kikuya, datant du 17ième siècle et ayant appartenu à une riche famille de marchands, est un exemple superbement préservé de l’architecture de l’époque Edo. Nous rêvons un moment seuls, face à son jardin, qui ferait pâlir d’envie les touristes agglutinés dans les temples à Kyoto…
Avant de retrouver notre havre de paix pour la nuit, le divin Ryokan Otozure, petit crochet par les montagnes qui abritent deux trésors face à l’océan, Higashi-Ushirobata Tanada et ses rizières en terrasse et Motonosumi Inari Shrine, un sanctuaire Shinto dont les toriis dégringolent jusqu’à la pointe rocheuse sacrée.
Clôture de la journée par un Teppanyaki rien que pour nous…. Totemo Oïshiidesu !