Le Sultanat d’Oman campe depuis la nuit des temps entre mer d’Arabie et déserts magiques. Exploration du plus paisible des royaumes moyen-orientaux, entre criques turquoise, villes blanches dignes d’un livre de contes et montagnes ponctuées de fabuleuses oasis.
Vers le grand désert d’Arabie
Quittant Mascate et ses étendues de maisons blanchies à la chaux, le 4X4 s’aventure vers le désert de Wadi Bani Awf. Le long de la piste sableuse se succèdent des décors de film d’aventure : canyons, ravins et villages perdus dans les montagnes. Le plus beau d’entre eux est Bilad Sayt, qui surgit à 950 mètres d’altitude entre d’austères sommets avec ses maisons cubiques comme sculptées dans la roche, déroulant les damiers verdoyants de ses champs cultivés. On parcourt à pied cette merveilleuse oasis où le temps semble s’être arrêté.
Très vite, le wadi déploie d’autres vallées enchantées typiques du massif du Hajar jusqu’au Snake Canyon. Les parois ocrées de ces gorges, creusées par des torrents bleus s’épanouissant en piscines naturelles, ombragées çà et là d’esthétiques palmiers, créent des tableaux enchanteurs. Le soleil est déjà bas sur l’horizon lorsqu’apparaît le minaret blanc d’Al Hamra. Serti de hautes montagnes, ce très beau village de style yéménite datant de 400 ans est l’un des plus anciens du pays. On déambule, envoûté, entre les ruines et les maisons de torchis où la vie se déroule aujourd’hui comme jadis.
La montagne verte de Jebel Akhdar
On se réveille aux portes de Jebel Akhdar, immense massif dont les crêtes culminent à 3 050 mètres. « La montagne verte » porte bien son nom, car ses flancs et ses vallées minérales sont piquetées d’innombrables villages-oasis vert émeraude. Difficile de ne pas s’arrêter à chaque instant pour immortaliser ces visions dignes des peintres orientalistes, où les maisons brunes conquises sur la montagne semblent veiller sur des cultures en terrasses. Comme chaque année entre mars et mai, l’air embaume le parfum des roses de Damas, qui fleurissent ici dans de somptueux jardins avant d’être transformées en eau de rose dans les distilleries. Cette culture assure la prospérité et la beauté de la région depuis l’époque des Croisés.
Nizwa et le désert de Wahiba
La route redescend vers le sud et fait halte dans un panorama somptueux, où un village en ruines semble reposer de toute éternité au creux une montagne au relief spectaculaire. La promenade entre les vestiges silencieux est d’une magie apaisante. On y découvre aussi une immense bananeraie et son falaj, canal d’irrigation ancestral et classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Puis vient la ville de Nizwa, autrefois capitale d’Oman, restée aujourd’hui une cité vivante et à taille humaine. Rendez-vous au fort ; ses murs en pisé datent du XVIIe siècle, et du haut de sa tour la vue embrasse le souk. Ce marché aussi ancien que la ville elle-même est une institution. En y déambulant, on découvre les trésors locaux – dagues omanaises et bijoux, encens et artisanat local – mais aussi bétail et halle aux poissons où les habitants font leurs emplettes. Ça discute et négocie ferme entre hommes du désert. La journée tire à sa fin quand on parvient à Wahiba Sands. Changement de décor total : des dunes orangées, certaines hautes de plus de cent mètres, moutonnent à perte de vue et étincellent au soleil couchant. On croise des campements de Bédouins, habitants de cet univers minéral depuis 7 000 ans. Le véhicule ralentit, approche de tentes éclairées par des lampes à huile. On se blottit sous sa toile grand confort, tandis que le froid descend sur le désert.
La côte de Sûr et ses wadis merveilleux
Le lendemain, on ne manque pas le lever du soleil depuis le sommet de la dune la plus proche. Des chameaux sellés sont prêts pour un tour du désert, avant de reprendre la route vers la côte. Comme un croissant posé face au golfe d’Oman, la ville basse et blanche de Sûr vit de la mer. C’est ici que sont fabriqués les boutres, les bateaux traditionnels en bois. Dans le chantier naval que l’on visite, l’un des plus grands de la ville, on admire la variété des modèles et des tailles de ces dhows, qui seront dévolus à la pêche ou au tourisme. Du haut du phare d’Al Ayja, le regard embrasse la vue sur la ville et la mer d’Arabie. Ancienne tour de guet construite par les Portugais, elle guide aujourd’hui les bateaux rentrant au port. La route longe la côte, et traverse un canyon vertigineux : c’est le wadi Shab, célèbre pour ses cascades dévalant des montagnes jusqu’à l’embouchure de l’océan. Plus loin, autre merveille : le lac de Bimmah, cavité parfaitement ronde et étincelante d’eau turquoise. Surnommé puits de l’étoile, une légende attribue sa création à la chute d’une météorite. Quittant désert et oueds, le véhicule approche de Mascate au soleil couchant.
Mascate, capitale des Mille et Une Nuits
C’est à la Grande Mosquée du Sultan Qaboos que commence l’exploration des merveilles de Mascate. Cette prouesse architecturale construite en grès et en marbre compte deux joyaux : un lustre serti d’or fin (le plus grand du monde), et l’immense tapis persan qui recouvre la salle de prières. Tissé d’une seule pièce, il pèse 21 tonnes ! C’est à pied que se poursuit la découverte, traversant l’élégant quartier du Ministère pour visiter l’Opéra Royal puis le surprenant palais du Sultan, bel exemple d’architecture moderne. Encadrant le port de Mascate, les deux forts portugais d’Al Jalali et Al Mirani racontent une page de l’histoire du pays. Le musée privé Bait Al Zubair offre une pause de fraîcheur – ses murs épais recèlent d’impressionnantes collections de costumes traditionnels et de bijoux, ainsi qu’une immense maquette de paysage omanais qui fait l’admiration des petits comme des grands enfants. La visite du souk de Mascate, parfumé d’épices, clôture en beauté la parenthèse enchantée.
